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il n’y avait point d’ordre dans les classes, mais les maîtres n’étaient encore assujettis à aucune discipline extérieure. »

L’abbé de la Salle tâcha de remédier à ce désordre en les réunissant dans le même local et les soumettant de leur propre consentement à un règlement dont profitèrent les élèves comme les maîtres. L’épreuve ayant paru suffisante au bout de quelques mois, M. de la Salle loua pour la petite communauté une maison plus grande qu’il vint lui-même habiter accompagné d’un de ses frères. Mais dès lors pour lui commencèrent les tribulations par lesquelles Dieu a coutume d’éprouver les siens. D’abord la famille de l’abbé de la Salle blâma vivement ce genre de vie qu’on trouvait, pour un homme de sa condition, extraordinaire et sauvage. Puis M. Niel, avec l’inconstance de son caractère, voulut se rendre à Rouen pour y fonder de nouvelles écoles. L’abbé de la Salle, ayant vainement insisté pour le retenir à Reims, se vit dans le plus grand embarras ; « car n’ayant jamais prétendu que favoriser de son pouvoir l’établissement des écoles, il se trouvait réduit à en soutenir tout le poids s’il ne voulait pas les voir tomber entièrement… Après bien des réflexions, sans se proposer de devenir fondateur d’ordre, il se détermina à ajouter les soins fatigants de la conduite des écoles aux peines incroyables qu’il prenait à former des maîtres. »

La tâche en effet était laborieuse « et dit son historien, on ne peut exprimer les dégoûts qu’il eut d’abord à essuyer en vivant avec des hommes si peu disposés par l’éducation qu’ils avaient reçue pour la plupart à