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mille fois perdre cet argent ! (Une somme de 400 000 francs !) »

À propos des discours prononcés par Lacépède comme président du sénat et qui lui furent plus tard reprochés, Cuvier dit non sans raison : « Toutefois encore, dans ces discours obligés, avec quelle énergie l’amour de la paix, le besoin de la paix se montre à chaque phrase ! Et combien, au milieu de ce qui peut paraître flatterie, on essaie de donner des leçons ! C’est qu’en effet c’était la seule forme sous laquelle les leçons pussent être écoutées ; mais elles furent inutiles ; elles ne pouvaient arrêter le cours des destinées. »

Il est certain d’ailleurs que l’admiration de Lacépède comme son affection pour Napoléon ne l’aveuglaient point, et la fermeté au besoin ne lui manquait pas, en voici la preuve :

Pendant une campagne meurtrière, quelques croix d’honneur avaient été accordées par le major général de la grande armée à de très jeunes officiers. On crut que cette faveur était prématurée. L’Empereur ordonne au grand chancelier de les leur retirer. Vainement celui-ci représente la douleur qu’éprouveront des braves salués déjà comme légionnaires. Rien ne calmait l’Empereur qui se croyait trompé.

— Eh bien, répondit Lacépède, je vous demande pour eux ce que je voudrais obtenir moi-même si j’étais à leur place : c’est d’envoyer aussi l’ordre de les fusiller.

Les croix furent maintenues.

« Il se croyait comptable envers le public, disent à l’envi Cuvier, Valenciennes et Villenave, de tout ce qu’il recevait comme traitement et dans ce compte