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son désintéressement, il vit bientôt son patrimoine se fondre, et une masse de dettes se former qui aurait pu excéder ses facultés ; ce fut alors que le chef du gouvernement le contraignit de recevoir un traitement et même l’arriéré. Le seul avantage qui en résulta pour lui fut de pouvoir étendre ses libéralités. » Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’à sa mort, « après avoir occupé des places si éminentes, après avoir joui pendant dix ans de la faveur de l’arbitre de l’Europe, il n’ait pas laissé à beaucoup près une fortune aussi considérable que celle qu’il avait héritée de ses pères. »

Quelques anecdotes encore sur ce sujet : Lors d’une mission importante que l’Empereur avait confiée à Lacépède, le prince de la Paix, dans une intention facile à comprendre, lui fit présent de toute une collection de richesses minérales entre lesquelles se trouvait une pépite d’or d’une grande valeur ; Lacépède le remercia…. au nom du Muséum d’histoire naturelle où furent envoyés tous ces objets. La pépite s’y voit encore.

Au commencement de l’année 1813, lorsque commencèrent les revers de nos armées, un officier général, attaché à l’une des cours germaniques, engagea Lacépède à faire transporter en France les fonds de la dotation que l’Empereur lui avait donnée. Lacépède s’y refusa en disant à ses amis :

« Je perdrai, s’il faut, cette fortune, mais je ne puis consentir à me donner ne fut-ce que l’apparence de l’ingratitude vis-à-vis du prince qui m’a comblé de ses bienfaits. À Dieu ne plaise surtout que j’agisse ainsi quand la fortune paraît vouloir le trahir ! Mieux vaut