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hasard les fait naître. Peu d’animaux cependant ont les mouvements aussi prompts et se transportent avec autant de vitesse que le serpent ; il égale presque par sa rapidité une flèche tirée par un bras vigoureux lorsqu’il s’élance sur sa proie ou qu’il fuit devant l’ennemi : chacune de ses parties devient alors comme un ressort qui se débande avec violence ; il semble ne toucher à la terre que pour en rejaillir ; et, pour ainsi dire, sans cesse repoussé par les corps sur lesquels il s’appuie, on dirait qu’il nage au milieu de l’air en rasant la surface du terrain qu’il parcourt. S’il veut s’élever encore davantage, il le dispute à plusieurs espèces d’oiseaux par la facilité avec laquelle il parvient jusqu’au plus haut des arbres, autour desquels il roule et déroule son corps avec tant de promptitude que l’œil a de la peine à le suivre. Souvent même, lorsqu’il ne change pas encore de place, mais qu’il est prêt à s’élancer et qu’il est agité par quelque affection vive, comme l’amour, la colère, ou la crainte, il n’appuie contre terre que sa queue qu’il replie en détours sinueux, il redresse avec fierté sa tête, il relève avec vitesse le devant de son corps et le retenant dans une attitude droite, et perpendiculaire bien loin de paraître uniquement destiné à ramper, il offre l’image de la force, du courage, et d’une sorte d’empire. »


II


Mais le moment approchait où, presque malgré lui, notre savant allait être arraché à ses paisibles et chères