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À l’âge de quatorze ans, Joubert avait appris tout ce qu’on pouvait apprendre alors dans une petite ville du Périgord. Envoyé à Toulouse pour y étudier les lois, il se dégoûta vite des livres de jurisprudence, et la carrière des lettres lui souriait davantage. C’est alors qu’il entra dans la congrégation des pères de la Doctrine chrétienne chargés de la direction du collége de Toulouse, mais d’ailleurs sans prononcer de vœux et aliéner par conséquent sa liberté, comme s’exprime la Biographie Universelle. Il professa dans cette maison, non moins chéri des maîtres que des élèves, jusqu’à l’âge de vingt-deux ans, où sa santé, trop délicate pour supporter les fatigues de l’enseignement, lui rendit nécessaire un repos prolongé. Il revint donc dans sa famille à Montignac et y resta pendant deux années (1776-1777), qui ne furent pas d’ailleurs perdues pour l’étude. Mais, dans sa petite ville, les ressources pour le travail intellectuel faisaient souvent défaut ; les livres étaient rares, plus rares les hommes dont la conversation pouvait servir d’aiguillon à un esprit jeune et ardent, et Joubert obtint enfin de ses parents de venir habiter Paris au commencement de l’année 1778.

II

« Son premier soin fut d’y rechercher la société des gens de lettres ; tentative heureuse, dit son biographe, un peu à la légère peut-être, en ajoutant : « Car, au bout de peu de mois, il connaissait Marmontel, Laharpe, d’Alembert. Bientôt même il était admis dans la fami-