Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/56

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

besoin de dire si Joinville applaudit à la canonisation de saint Louis : « dont grande joie fut et doit être à tout le royaume de France et grand honneur à tous ceux de son lignage qui par bonnes œuvres le voudront ensuivre. »

Une anecdote, qui se trouve à la dernière page du livre, prouve l’impression profonde que cet évènement avait faite sur Joinville : « Encore veux-je dire du saint roi aucunes choses qui sont à l’honneur de li ; c’est à savoir qu’il me semblait en mon songe que je le voyais devant ma chapelle de Joinville et était, comme il me semblait, merveilleusement lié (joyeux) et aise de cœur, et moi-même j’étais moult aise de ce que je le voyais en mon chatel et lui disais : « Sire, quand vous partirez d’ici, je vous hébergerai dans une mienne maison qui sied en une mienne ville qui a nom Chevillon. » « Et il me répondit en riant, et me dit : « Sire de Joinville, je ne bée (désire) pas sitôt partir d’ici. »

« Quand je m’éveillai, si m’apensai et me semblait que il plaisait à Dieu et à li que je le hébergeasse en ma chapelle, et j’ai fait ainsi, car j’y ai établi un autel en l’honneur de Dieu et de luy. »

Le sénéchal survécut de longues années à saint Louis, car nous lisons qu’en 1315, âgé de plus de quatre-vingt onze ans, il se trouvait assez alerte encore pour monter à cheval et entrer en campagne, d’après le mandement de Louis X dit le Hutin qui avait déclaré la guerre aux Flamands. On a vu que sa tempérance et sa sobriété, jointes à un exercice habituel, contribuèrent à lui ménager cette verte vieillesse qui se prolongea jusqu’en 1319 (11 juillet), comme il résulte de l’épitaphe