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« — Que Dieu m’aide, sire, je dois répondre : Oui !

« Et il me dit : « Si je demeure, resterez-vous ?

« Et je lui dis que oui, si je puis ne de mien, ne de l’autrui (soit à mes dépens soit à ceux d’autrui).

« — Or, soyez tout aise, dit-il, car je vous sais moult bon gré de ce que vous m’avez loué (conseillé) ; mais ne le dites à nullui (personne) toute cette semaine. » Je fus plus aise de cette parole et me défendais plus hardiment contre ceux qui m’assaillaient. »

Voici, lors du retour en France, quelques années après, un autre épisode qui ne fait pas moins d’honneur à la franchise du sénéchal : « Tandis que le roi séjournait à Yères pour acheter chevaux afin de venir en France, l’abbé de Cluny, qui fut évêque de l’Olive, lui présenta deux palefrois qui vaudraient bien aujourd’hui cinq cent livres, un pour lui, l’autre pour la reine. Quand il les eut présentés, il dit au roi :

« Sire, je viendrai demain parler à vous de mes besognes (affaires). »

« Quand ce vint le lendemain, le roi l’ouït moult diligemment et longuement. Quand l’abbé s’en fut parti, je vins au roi et lui dis :

« Je vous veux demander, s’il vous plaît, sire, si vous avez ouï plus débonnairement l’abbé de Cluny pour ce que il vous donna hier ces deux palefrois ?

« Le roi pensa longuement et me dit : » Vraiment, oui !

« — Sire, fis-je, savez-vous pourquoi je vous ai fait cette demande ?

« — Pourquoi ? fit-il.

« — Pour ce, sire, fis-je, que je vous loue et conseille