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laient donner au roi et qui fut tel : « Sire, vos frères et les riches hommes qui ici sont, ont regardé à votre état, et ont vu que vous n’avez pouvoir de demeurer en ce pays à l’honneur de vous ni de votre royaume …. si vous louent-ils, sire, que vous en alliez en France et pourchassiez gens et deniers, par quoi vous puissiez hâtivement revenir en ce pays vous venger des ennemis de Dieu qui vous ont tenu en leur prison. »

Saint Louis ne se tint pas pour satisfait de cette réponse et successivement il interrogea le comte d’Anjou, le comte de Flandre, le comte de Poitiers et plusieurs autres « qui tous s’accordèrent à monseigneur Guy Malvoisin », et conseillèrent le départ immédiat. Le légat lui-même fut de cet avis et il reprit avec quelque vivacité Joinville qui paraissait incliner à l’opinion contraire : « Sire, répondit le sénéchal, puisque vous demandez comment ce pourrait être que le roi put tenir héberges (camps) avec si peu de gens comme il a ; je vous le dirai, sire, puisqu’il lui plaît. L’on dit, je ne sais s’il est vrai, que le roi n’a encore dépendu nul de ses deniers (argent). Que le roi mette ses deniers en dépense et envoie quérir chevaliers en la Morée et outre-mer ; et quand l’on orra nouvelles que le roi donne bien largement, chevaliers lui viendront de toutes parts par quoi il pourra tenir héberges dedans un an, si Dieu plaît ; et par sa demeurée seront délivrés les pauvres prisonniers qui ont été pris au service de Dieu et au sien, qui jamais n’en sortirent si le roi s’en va. »

Le roi ajourna de nouveau les barons à huitaine pour sa réponse. Mais à peine il fut sorti » l’assaut, dit le sénéchal, me commence de toutes parts : « Or est fol,