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liers à son service. Bientôt même, charmé de son caractère enjoué et ouvert, il voulut l’avoir habituellement près de lui, et, dans les circonstances importantes, volontiers il le consultait, sûr que ce serait l’ami et non pas le courtisan qui lui donnerait conseil. Plus d’une fois Joinville, dans sa franchise, fit preuve d’un vrai courage, par exemple lorsque, par un traité avec les Sarrasins, le roi ayant recouvré sa liberté, l’on mit en délibération la question du départ immédiat pour la France selon le vœu du plus grand nombre des seigneurs et même des proches parents du prince. Citons au moins par quelques extraits, ce récit admirable et qui fait bien connaître Joinville comme homme et comme écrivain :

« En ce point que nous étions en Acre, envoya le roi quérir ses frères et le comte de Flandre et les autres riches hommes à un dimanche et leur dit :

« Seigneurs, Madame la reine ma mère m’a mandé et prié tant comme elle peut, que je m’en voise (vienne) en France, car mon royaume est en grand péril, car je n’ai ni paix ni trêves au roi d’Angleterre. Cil (ceux) de cette terre à qui j’ai parlé m’ont dit que, si je m’en vais, cette terre est perdue ; …. si, vous prie, fit-il, que vous y pensiez ; et pour ce que la besogne est grosse, je vous donne répit de moi répondre ce que bon vous semblera, jusques à d’ici (aujourd’hui) en huit jours. »

Le dimanche suivant en effet, les frères du roi et les autres barons, étant revenus, saint Louis leur demanda « quel conseil ils lui donneraient ou de s’allée (départ) ou de sa demeurée. » Tous alors répondirent que Guion Malvoisin était chargé d’exprimer « le conseil qu’ils vou-