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nant leur nombre s’élève peut-être à trente cinq ou quarante mille. La nouvelle machine a, dit-on, pénétré jusque dans la Chine, le pays par excellence de la routine.

Les offres les plus brillantes avaient été faites, de divers côtés, à Jacquard, pour qu’il vînt organiser des ateliers. La ville de Manchester (Angleterre) en particulier, lui promit toute une fortune s’il voulait s’y rendre dans ce but ; mais quoiqu’il eût encore à lutter à Lyon contre l’opposition dont nous avons parlé, dans son patriotique désintéressement, il préféra une position modeste et incertaine dans sa ville natale à l’opulence en pays étranger. Son généreux sacrifice ne fut point sans récompense. Décoré de la Légion d’Honneur, il se vit entouré de l’estime et de la considération de tous ses concitoyens, et ces témoignages de la plus affectueuse sympathie le suivirent à Oullins, où il se retira après la mort de sa femme. « C’est là, dit M. Durozoir, qu’il passa ses dernières années, partageant son temps entre la culture d’un petit jardin et les exercices de la religion catholique. Il termina sa carrière paisiblement, le 7 août 1834, à l’âge de quatre-vingt-deux ans, et sa cendre repose dans le cimetière d’Oullins, à côté de la tombe de l’académicien Thomas, » tant regretté par Ducis.

On a vu par quels honneurs les généreux Lyonnais se sont plu à témoigner de leur reconnaissance pour l’illustre ouvrier, leur compatriote.