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sans doute, il eut une place au Conservatoire des arts et métiers, et s’occupa à restaurer et mettre en état les machines et les modèles.

Il travaillait toujours cependant à perfectionner son métier pour la fabrication de la soie, quand il fut rappelé, en 1804, à Lyon, pour établir, dans l’ancien hospice de l’Antiquaille, un atelier d’étoffes façonnées et de tapis des Gobelins. Dès lors, il s’occupa de faire adopter son invention dans les manufactures de Lyon, ce à quoi il fut fort aidé par deux riches fabricants de la ville, MM. Grand et Pernon, qui mirent l’inventeur en rapport avec le conseil municipal. Une commission, composée des plus habiles fabricants, chargée d’examiner le nouveau système de Jacquard, fut unanime dans son approbation, et par un décret daté de Berlin (27 octobre 1806), l’administration municipale fut autorisée à acheter de Jacquard le privilége de son procédé, moyennant une rente de 3 000 fr., réversible par moitié sur la tête de sa femme. L’inventeur avait demandé, en outre, qu’il lui fût accordé une prime de 50 francs pour chaque métier de son invention.

— En voilà un qui se contente de peu, dit l’Empereur avec un sourire, en signant le décret.

Malgré tant de hautes approbations, cependant, ce ne fut pas chose facile que de faire adopter le nouveau métier dans les ateliers, car il avait contre lui la prévention populaire, les ouvriers étant convaincus que cette invention leur était défavorable. Ils la jugeaient sur les apparences, et non d’après l’expérience et les résultats constatés dans les termes suivants par MM. Ozanam et Durozoir :