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Ce langage parfaitement sincère, et qui n’était point celui de la fausse modestie, prouve chez notre poète une grande noblesse de caractère. Il ne craignait point de reconnaître l’heureuse influence de Corneille sur son propre génie ; car Cosroës et Wenceslas, les deux meilleures pièces de Rotrou, ne vinrent qu’après le Cid, les Horaces, Cinna, etc.

À propos de Wenceslas, on lit dans l’Histoire du Théâtre-Français par les frères du Parfait : « Rotrou, après avoir achevé sa tragédie, se préparait à la lire aux comédiens, lorsqu’il fut arrêté et conduit en prison pour une dette qu’il ne pouvait acquitter. La somme n’était pas considérable, mais il était joueur et par conséquent assez souvent vis-à-vis de rien. Il envoya chercher les comédiens et leur offrit sa tragédie pour vingt pistoles. »

L’anecdote est plus que contestable, et à l’époque où Rotrou fit jouer son Wenceslas, nul doute qu’il était revenu de ces égarements dont l’auteur de la Notice, mise en tête des Œuvres complètes, nous dit : « Rotrou, jeté à dix-neuf ans, dans une société fort corrompue, contracta de funestes habitudes. Une tradition de famille nous apprend qu’il répandait dans un grenier, sur des fagots, l’argent qu’il recevait des comédiens, étant forcé ensuite de le chercher pièce à pièce et se formant ainsi, presque malgré lui, une réserve que sa passion pour le jeu ne lui aurait pas permis de conserver. »

Il avait cédé aussi à d’autres entraînements qu’il confesse et déplore en termes des plus énergiques dans une épître à un ami où se lisent ces stances entre autres :

Mais que le souvenir de ces jours criminels,
En l’état où je suis m’offense la mémoire !…