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façon solennelle en insérant dans sa tragédie de Saint-Genest des vers à la louange de Corneille. Précisément, parce que le passage est un hors d’œuvre et vient même d’une façon un peu forcée, il prouvait le désir qu’avait l’auteur d’attester publiquement son admiration pour le poète, son illustre ami. L’empereur Dioclétien demande au comédien Genest quelles sont les tragédies les plus célèbres de l’époque, et Genest répond : ce sont celles qui :

Portent les noms fameux de Pompée et d’Auguste,
Ces poèmes sans prix où son illustre main
D’un pinceau sans pareil a peint l’esprit romain,
Rendront de leurs beautés toute oreille idolâtre,
Et sont aujourd’hui l’âme et l’amour du théâtre.

Plus tard, après la représentation de la Veuve, Rotrou dit à Corneille, en termes plus énergiques :

Pour te rendre justice, autant que pour te plaire,
Je veux parler, Corneille, et ne me puis plus taire ;
Juge de ton mérite, à qui rien n’est égal,
Par la confession de ton propre rival.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Je vois que ton esprit, unique dans ton art,
A des naïvetés plus belles que le fard,
Que tes inventions ont des charmes étranges,
Que leur moindre incident attire des louanges,
Que par toute la France on parle de ton nom,
Et qu’il n’est plus d’estime égale à ton renom.
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Tel je te sais connaître et te rendre justice,
Tel on me voit partout adorer ta Clarice ;
Aussi rien n’est égal à ses moindres attraits ;
Tout ce que j’ai produit cède à ses moindres traits.