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« Mon enfant, voilà un monsieur qui, s’il le veut, peut te rendre ton père. »

L’enfant tout aussitôt, tombant à genoux, s’écrie tout en larmes.

«Ô mon bon monsieur, rendez-moi mon papa, il est si bon et nous avons tant besoin de lui !

— Mais, dit le général, pour être en prison, il faut qu’il ait fait quelque chose de mal.

— Oh ! non, bien sûr, non ! demandez à maman : Et d’ailleurs, il ne le fera plus, je vous le promets. Grâce, grâce ! rendez-nous mon papa et je vous aimerai bien ! oh ! oui !

Cavaignac, ce soldat si brave, avait un noble cœur. Il embrassa l’enfant et sortit les yeux humides. Quelques jours après, le prisonnier était rendu à sa famille.

Que de fois l’humble maison de la rue de l’Épée de Bois s’ouvrit-elle ainsi pour des personnages illustres : l’abbé Emery, le directeur de St-Sulpice, l’abbé de Lamennais, avant sa chute, Donoso Cortès, une des gloires de l’Espagne moderne, etc. ; et enfin le 18 mars 1854, l’Empereur NapoléonIII, accompagné de l’Impératrice. La sœur Rosalie « reçut cette visite avec reconnaissance et respect, dit M. de Melun. Elle voyait dans ce témoignage d’intérêt une leçon de bienveillance et de charité envers les petits et les faibles, donnée à tous les fonctionnaires et une recommandation à ceux qui disposent de l’autorité publique, quels que soient leur rang et leur puissance, d’être attentifs, affectueux, pleins de pitié pour les malheureux que les souverains ne dédaignaient pas de visiter. » Peu de temps auparavant, l’Empereur avait envoyé