Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/398

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

veillée une absurde historiette dont le héros était un certain Ourson, dit le sauvage, qui venu on ne sait d’où, élevé on ne disait pas comment, grandelet déjà, vivait seul dans les bois, attrapant les lièvres à la course, les oiseaux au vol, plus adroit à la pêche, avec ses mains seules, qu’un cormoran avec son bec. Il est incroyable quelles oreilles j’ouvrais à l’audition de ce conte extravagant qui m’a trotté tant d’années dans la cervelle et qu’aujourd’hui même je n’ai pas complètement oublié. Comment ! il me semble avoir encore sous les yeux une afireuse image représentant Ourson le sauvage avec une immense chevelure qui lui servait de vêtement, et en train de ronger, de l’air le plus farouche, un gigot d’animal quelconque qu’assurément il n’avait pas pris la peine de faire cuire. Le lecteur, bien sûr, dit à part lui : « merci d’une telle cuisine ! »