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comprimaient tous les esprits et glaçaient tous les cœurs par l’audace de leurs crimes et par la terreur des supplices, ou vit la population tout entière de Lyon se soulever et donner aux Français le signal de cette courageuse résistance à l’oppression, qui forme une des plus belles pages de l’histoire de cette cité. Tous les citoyens prennent les armes. Jacquard, qui était alors dans le Bugey, occupé à l’exploitation d’une carrière de plâtre, accourt à Lyon afin de se mettre au nombre des défenseurs de sa patrie ; nommé sous-officier, il combattit presque toujours dans les postes avancés, ayant à ses côtés son fils, âgé de quinze ans[1]. »

Mais hélas ! l’héroïque dévouement de ces braves ne put que retarder la catastrophe. La généreuse cité lyonnaise, abandonnée à ses propres forces, épuisée par les sacrifices en tous genres, après cinquante-cinq jours de siége, dut succomber sous les attaques réitérées d’une armée de cent mille hommes. Bientôt parut le trop fameux décret de la Convention ordonnant la destruction de Lyon, et que sur ses ruines s’élèverait une colonne portant cette inscription : lyon fit la guerre à la liberté, lyon fut détruit.

Ils appelaient liberté, ces impudents menteurs, le triomphe de la plus détestable tyrannie. Car, pendant que la pioche des démolisseurs continuait l’œuvre de la bombe et du canon, au milieu de la cité morne, tout était désolation et épouvante.

Un tribunal révolutionnaire, composé de scélérats et appuyé de satellites venus de Paris, fonctionne publi-

  1. De Fortis, Éloge historique de Jacquard, in-8o.