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si vive, glorieuse pour celui qui en était l’objet comme pour ceux que l’on voyait empressés à multiplier les preuves de leur vénération et de leur gratitude ? Cet homme, il nous plaît d’avoir à le dire, ce n’était ni un grand roi, ni un célèbre homme d’État, ce n’était pas davantage un illustre capitaine ou quelque poète fameux, non, mais tout simplement le fils d’un pauvre et obscur ouvrier, ouvrier lui-même avant qu’il fût parvenu au premier rang par sa persévérance héroïque. Sa vie est de celles qu’on est heureux d’avoir à raconter ; car comme le dit si bien son épitaphe, il fut tout à la fois : Homme de bien et de génie.

Né à Lyon, le 7 juillet 1752, Jacquard (Joseph-Marie), était fils d’un simple ouvrier à la grand’tire, c’est-à-dire en étoffes brochées ; sa mère, Antoinette Rives, était liseuse de dessin. « Lire un dessin, dit M. Durozoir[1], c’est disposer les fils de chaîne d’une étoffe dans l’ordre indiqué par le dessinateur sur une carte divisée par petites cases, de manière à élever tour à tour un certain nombre de ces fils au moyen de ficelles, pour composer et reproduire sur une étoffe un dessin semblable à celui qui est tracé sur la carte. »

Le père du jeune Jacquard, qui n’avait pour lui d’autre ambition que de le voir suivre un jour sa propre carrière, s’inquiéta peu de sa première instruction, et loin d’en faire un lettré, à peine l’envoya-t-il à l’école ; ce fut, paraît-il, sans maître et de lui-même que l’enfant apprit à lire et à écrire. En même temps, comme Vaucanson, dès le plus jeune âge, son génie se révélait par

  1. Biographie universelle