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une regrettable tradition, ont rapportée trop de biographes. Voici les renseignements communiqués à ce sujet par un contemporain (Missirini) à Longhena et publiés par celui-ci : « Raffaello Sanzio était d’une nature très distinguée et très délicate ; sa vie ne tenait qu’à un fil excessivement tenu quant à ce qui regardait son corps, car il était tout esprit, outre que ses forces s’étaient beaucoup amoindries, et qu’il est extraordinaire qu’elles aient pu le soutenir pendant sa courte vie. Un jour qu’il se trouvait à la Farnésine, il fut mandé par le pape. Craignant d’être en retard, il hâta le pas, et par suite d’une marche rapide, arriva tout en sueur au Vatican. Dans la vaste salle où il s’entretenait avec le pape de la fabrique (construction) de St-Pierre, il ne tarda pas à se refroidir, et pris d’un soudain malaise, dut promptement se retirer. À peine rentré chez lui, il se mit au lit et une fièvre pernicieuse l’emporta en peu de jours. »

Dès les premières atteintes du mal, il ne s’était pas fait illusion sur sa gravité ; aussi témoignant hautement de son repentir pour les égarements auxquels nous avons fait allusion, il attendrit ses amis, ses nombreux élèves par la fermeté de sa mort chrétienne, heureux de la bénédiction du pape qui vint le visiter sur son lit de douleur. Par son testament, il exprimait le désir d’être enterré, comme il le fut en effet, dans une des chapelles du Panthéon, et pour l’entretien et le service de la chapelle, il léguait spécialement une somme de 1 000 écus. Après sa mort, son corps fut exposé dans la salle qui lui servait d’atelier et où se voyait son dernier tableau, la Transfiguration