Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/337

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Boileau insiste. Après l’avoir laissé quelque temps dans l’inquiétude, M. de Cavoye lui dit du ton le plus sérieux :

— Puisqu’il faut vous l’avouer, le Roi a remarqué.… que vous vous teniez tout de travers à cheval.

— Si ce n’est que cela, répondit Boileau, laissez-moi dormir.

Racine et Boileau s’entretenaient un jour avec madame de Maintenon… La conversation tomba d’aventure sur la poésie burlesque qui naguère avait eu tant de vogue. Boileau, qui l’avait peu ménagée dans ses écrits, ne tint pas dans cette circonstance un autre langage :

— Heureusement, dit-il, ce misérable goût est passé et on ne lit plus Scarron même dans les provinces.

Il oubliait qu’il s’adressait à la veuve du dit Scarron, Racine se hâta de couper court en parlant d’autre chose ; mais dès qu’ils furent seuls, il dit à son ami :

— Comment parlez-vous ainsi devant elle ? Ignorez-vous l’intérêt qu’elle y prend ?

— Hélas ! non, mais c’est toujours la première chose que j’oublie quand je la vois.

Malgré la remontrance de son ami, Boileau quelque temps après eut une distraction semblable au lever du roi. On s’entretenait de la mort du comédien Poisson :

— C’est une perte, dit Louis XIV, il était bon comédien.

— Oui, reprit Boileau, pour faire un Don Japhet ; il ne brillait que dans ces misérables pièces de Scarron.

Racine l’avertit par un signe de sa maladresse, puis, en particulier, il lui dit :

— En vérité, je n’oserai plus paraître à la cour avec