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un public d’élite ne manquera pas aux chefs-d’œuvre.

On peut regretter aussi chez Boileau trop de bienveillance pour l’école de Port-Royal, témoin son épître à Arnault comme ces vers qui terminent la pièce adressée à la présidente de Lamoignon pour la remercier de l’envoi du portrait de Bourdaloue :


Enfin, après Arnault, ce fut l’illustre en France
Que j’admirai le plus et qui m’aima le mieux.

Boileau excellait au jeu de quilles et on le vit souvent abattre toutes les neuf d’un seul coup de boule.

« Il faut avouer, disait-il à ce sujet assez plaisamment, que j’ai deux grands talents aussi utiles l’un que l’autre à la société et à l’état : l’un de bien jouer aux quilles, l’autre de faire bien les vers. »

Il n’avait pas l’extrême sensibilité de Racine pour les critiques, au contraire. Lorsqu’il avait donné au public un nouvel ouvrage et qu’on venait lui dire que les critiques en parlaient fort mal :

— Tant mieux, répondait-il avec beaucoup de sens, les mauvais ouvrages sont ceux dont on ne parle point.

Boursault, dans ses lettres, rapporte cette curieuse conversation sur les bénéfices avec un abbé qui en possédait plusieurs et qui disait gaîment à Boileau :

— Hé ! cela est bien bon pour vivre !

— Je n’en doute point, répondit le poète ; mais pour mourir, monsieur l’abbé, pour mourir ?

M. de Cavoye un des grands seigneurs de la cour, et fort lié avec Racine et Boileau, s’amusait parfois, paraît-il, à jouer des tours aux deux poètes.

« La veille de leur départ pour la première campagne,