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mort, il chargea mon frère d’écrire à M. de Cavoie pour le prier de solliciter le paiement de ce qui lui était dû de sa pension, afin de laisser quelque argent comptant à sa famille. Mon frère fit la lettre et vint la lui lire :

— Pourquoi, lui dit-il, ne demandez-vous pas aussi le paiement de la pension de Boileau ? Il ne faut point nous séparer. Recommencez votre lettre et faites connaître à Boileau que j’ai été son ami jusqu’à la mort.

« Lorsqu’il fit à celui-ci son dernier adieu, il se leva sur son lit autant que pouvait lui permettre le peu de forces qu’il avait et lui dit en l’embrassant.

— Je regarde comme un bonheur pour moi de mourir avant vous, » (Mémoires de Louis Racine).

On voit que chez ces hommes le caractère était à la hauteur du talent.



II


BOILEAU

Boileau (Nicolas) naquit à Paris le 1er novembre 1636. Onzième enfant de Gilles Boileau, greffier du conseil de la grande chambre, il eut pour mère Anne Denielle, seconde femme du dit Gilles morte l’année suivante, 1637, à l’âge de vingt-trois ans. Après avoir fait ses études classiques au collége d’Harcourt, il étudia le droit et fut reçu avocat. Mais sa répugnance invincible pour cette profession la lui fit bientôt abandonner pour suivre les cours de théologie en Sorbonne ; et par suite il obtint un bénéfice, le prieuré de saint Paterne qui rapportait 800 livres par