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prendre que le poète put se plaire dans la société de cette ménagère qu’on ne saurait excuser d’une singulière étroitesse d’esprit ou de sots préjugés. Une femme bas-bleu ne serait point assurément notre idéal, mais qu’est-ce qu’une créature ensevelie si profondément dans la prose de la vie et qui n’a pas, si peu que ce soit, l’instinct des choses d’art, le sentiment de la poésie ? Quoi ! la poésie pour elle c’est pis que la langue des Hurons ! Que Louis Racine trouve moyen de faire de cela un mérite à sa mère, on ne peut l’en blâmer, et il agit en bon fils, mais moi, qui ne suis pas tenu aux mêmes égards, je trouve la bonne dame…. Non, je ne dirai pas le mot qui semblerait trop dur peut-être ; j’imagine néanmoins que l’intelligent lecteur sera de mon avis, et qu’il pensera de la…. défunte ce que j’en pense moi-même d’après ce que nous apprend Louis Racine.

« Sa compagne sut par son attachement à tous ses devoirs de femme et de mère et par son admirable piété, le captiver entièrement, faire la douceur du reste de sa vie, et lui tenir lieu de toutes les sociétés auxquelles il venait de renoncer.

« …. La religion avait uni ces deux époux quoiqu’aux yeux du monde ils ne parussent point faits l’un pour l’autre. (Très bien jusqu’ici, mais le reste :) L’un n’avait jamais eu de passion plus vive que celle de la poésie ; l’autre porta l’indifférence pour la poésie jusqu’à ignorer toute sa vie ce que c’est qu’un vers ; et m’ayant entendu parler, il y a quelques années, de rimes masculines et féminines, elle m’en demanda la différence : à quoi je répondis qu’elle avait vécu avec un meilleur maître que