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voit, en dépit de la forme épurée, quelle large part est faite à la passion dans les pièces du poète, l’un des plus réservés cependant entre les auteurs dramatiques. Le thème est toujours à peu près le même, celui que Bourdaloue dénonçait du haut de la chaire à propos des romans et des comédies, et qui ferait croire que nous ne sommes en ce monde, nous hommes, nous chrétiens, que pour ce misérable rôle de Céladons.

Sa résolution prise, Racine se maria et dès lors ne vécut plus que de la vie de famille et d’étude : s’il fit plus tard Esther et Athalie, ce fut pour complaire à Mme de Maintenon et au Roi que, tout en gémissant sur ses fautes, il aimait avec une sorte de passion. Aussi combien amère lui fut cette soudaine disgrâce qui succéda pour lui à la faveur éclatante dont si longtemps il avait joui ! Le mécontentement de Louis XIV eut pour cause la lecture d’un Mémoire sur les misères du peuple, rédigé par Racine à la prière, dit-on, de la marquise de Maintenon qui aurait eu cependant l’imprudence et le tort de ne pas taire le nom de l’auteur.

Il n’est point exact d’ailleurs de dire que Racine mourut de chagrin puisqu’il succomba aux suites d’une opération nécessitée par une affection déjà ancienne, opération qui ne put empêcher et peut-être précipita la catastrophe (22 avril 1699). Ajoutons que, pendant tout le temps de la maladie, le roi fît chaque jour prendre des nouvelles du poète et que sa pension de 2 000 livres fut continuée à sa veuve.

Venons aux anecdotes. Voici, sur Racine et sa femme, une page curieuse, mais que je n’ai pu, s’il faut l’avouer, lire sans quelque dépit. J’ai peine à com-