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c’est peut-être faute d’avoir éprouvé de quelle délicatesse, de quel goût et de quel sucre elles y viennent (sur les espaliers), non-seulement en comparaison de celles de plein vent, mais aussi en comparaison de tous les autres fruits. »

Il est des artistes dont la vie est toute dans leurs œuvres, et pour leur propre bonheur, sinon pour notre plaisir, n’offre que peu ou point d’épisodes ; ainsi La Quintinie ne fut distrait par aucun événement de ses paisibles occupations. La faveur du Roi, dont il jouissait discrètement, ne lui suscita point de jalousie. Louis XIV, qui l’avait nommé, par un brevet spécial (25 août 1687), directeur général des jardins fruitiers et potagers de toutes les demeures royales, avait pris soin de lui faire bâtir une maison des plus commodes, en augmentant successivement son traitement.

On aime cette bienveillance du monarque pour « son jardinier, » et l’on est touché de voir celui qu’on nous a représenté maintes fois comme si superbe, dire au lendemain de la mort de La Quintinie à la veuve :

« Madame, nous venons de faire une perte que nous ne pourrons réparer. » (1688.)

En outre du potager de Versailles, La Quintinie avait tracé celui de Chantilly pour le prince de Condé, celui de Rambouillet pour le duc de Montausier, celui de Vaux pour Fouquet, de Sceaux pour Colbert. Dans les heures de loisir que lui laissait la saison d’hiver en particulier, il s’occupait de la rédaction du grand ouvrage dont il a été parlé, qu’il put terminer avant sa mort, mais n’eut pas la satisfaction de voir publié ! Les biographes, en général, reprochent à l’écri-