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étaient une espèce de terre franche qui devenait en bouillie ou en mortier quand, après de grandes pluies, l’eau y séjournait beaucoup et se pétrifiaient, pour ainsi dire, quand il faisait sec… J’eus, dès la première année, à essuyer le plus grand mal qui me pouvait arriver, car il survint de si grandes et de si fréquentes averses d’eau que tout le jardin paraissait être devenu un étang, ou au moins une mare bourbeuse, inaccessible et surtout mortelle, et pour les arbres qui en étaient déracinés, et pour toutes les plantes potagères qui en étaient submergées ; il fallut chercher un remède convenable à un si grand inconvénient. »

La Quintinie sut le trouver, et par une suite d’aménagements des plus ingénieux, la création d’un aqueduc entre autres où s’écoulaient les eaux, et la disposition toute nouvelle des carrés en dos de bahu (dos d’âne), il réussit au-delà même de ce qu’il avait espéré : « Mes carrés avec leurs plantes, dit-il, et mes plates-bandes avec leurs arbres se conservèrent dans le bon état où je les souhaitais et contribuèrent à la conservation et au bon goût de tout ce que j’y pouvais élever. »

Par une sorte de miracle, à force de persévérance et d’industrie, La Quintinie, sur ce sol si rebelle, avait créé un véritable paradis terrestre, que nous décrit ainsi un témoin oculaire :

Quel plaisir fut de voir les jardins pleins de fruits
Cultivés de sa main, par ses ordres conduits ;
De voir les grands vergers du superbe Versailles
Ses fertiles carrés, ses fertiles murailles,
Où, d’un soin sans égal, Pomone, tous les ans,
Elle-même attachait ses plus riches présents !