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cines qu’il possède avant de le mettre en terre. La Quintinie s’aperçut aussi que tout arbre fruitier, par une sorte d’inclination naturelle, porte toute sa sève sur les grosses branches et donne dès lors peu de fruits, et que par le retranchement de ces grosses branches, la sève vient dans les petites qui donnent du fruit. À ces découvertes, il en joignit beaucoup d’autres, qu’il consigna dans un Traité publié seulement après sa mort. »

Le jardin de l’hôtel Tamboneau, ouvert obligeamment aux amateurs distingués, fit connaître La Quintinie de la plupart d’entre eux, et en particulier du prince de Condé qui, après l’avoir entretenu avec un singulier plaisir, voulut recevoir de lui des leçons de son art.

La Quintinie ne fut pas moins bien accueilli lors d’un voyage qu’il fit en Angleterre. Présenté au roi Jacques II, celui-ci conçut une telle estime pour ses talents, que, voulant le retenir dans l’île, il lui fit les propositions les plus brillantes ; mais l’offre de tous ces avantages et d’une pension considérable qui équivalait à une fortune, ne purent tenter La Quintinie qui ne pouvait se résigner, en vue même des plus magnifiques espérances, à dire pour toujours adieu à la patrie. Il revint en France où l’attendait la récompense, où l’attendaient la fortune et le bonheur. Louis XIV avait entendu parler de lui par le prince de Condé et quelques-uns des grands seigneurs de son entourage. Désirant compléter par un potager les jardins et le parc de Versailles, il fit venir La Quintinie et le chargea de tracer ce potager sur un assez mauvais terrain ayant servi autrefois de jardin, et qu’on avait abandonné comme trop peu fertile. Ce fut ce sol discrédité pourtant que l’on mit à la disposition de