Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/308

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

forçant d’atteindre à la perfection de pouvoir exprimer les grandes passions. »

Le tableau de saint François-Xavier prouve que chez Poussin ce n’était ni timidité ni impuissance. Et combien d’autres toiles encore on pourrait citer, où les expressions sont étonnantes encore par la vérité comme par la vivacité : la Femme adultère, Ananie et Saphire, l’Aveugle de Jéricho, etc. Dans ce dernier tableau, avec quel art merveilleux, sur les figures des nombreux assistants dans l’attente du miracle, ce sentiment énergique de la curiosité se diversifie mélangé chez quelques-uns avec l’espérance joyeuse, chez les autres avec l’anxiété, avec la crainte provenant d’une basse jalousie ! Et l’aveugle sur les yeux duquel pèse encore ce terrible bandeau de la cécité, et qui, de ses mains étendues et hésitantes, cherche à tâtons son point d’appui, quelle superbe figure ! Comme cela est peint, dessiné, modelé ! Quelle correction et quelle beauté mais sans rien pourtant qui sente la convention ! La tête du Christ laisse à désirer, comme caractère et comme noblesse, dans ce tableau, ainsi que dans plusieurs autres parmi les tableaux que nous connaissons. Le maitre fut plus heureux, ce semble, dans les deux belles séries des sept Sacrements, popularisées par la gravure et qui, pour la gravité de la composition, le style, les expressions, sont si dignes d’un peintre chrétien.

Toutefois, pour l’onction habituelle, au moins pour la profondeur et l’énergie de l’accent religieux, j’ose dire que Poussin n’a pas égalé Lesueur, auquel il doit céder aussi dans les sujets gracieux. Je ne puis, toujours sincère dans mes plus grandes admirations mêmes,