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être ils les surpassent par la poésie sublime, surtout les derniers, cet Hiver ou ce Déluge qu’on a si justement appelé le Chant du cygne.

Au commencement de l’année 1664, Poussin perdit sa femme, sa chère Marie Dughet. La lettre par laquelle il annonce ce malheur à son ami et qu’il lui fallut dix jours pour écrire ou dicter, tant il était déjà malade lui-même, est des plus touchantes ; c’est bien le cœur qui parle : «…. Quand vous connaîtrez la cause de mon silence, non-seulement vous m’excuserez, mais vous aurez compassion de mes misères. Après avoir, pendant neuf mois, gardé dans son lit ma bonne femme malade d’une toux et d’une fièvre d’étisie qui l’ont consumée jusqu’aux os, je viens de la perdre quand j’avais le plus besoin de son secours. Sa mort me laisse seul, chargé d’années, paralytique, plein d’infirmités de toutes sortes, étranger et sans amis ; car en cette ville il ne s’en trouve point. Voilà l’état auquel je suis réduit ; vous pouvez vous imaginer le demeurant.

« Me voyant dans un semblable état, lequel ne peut durer longtemps, j’ai voulu me disposer au départ. J’ai fait pour cet effet un peu de testament par lequel je laisse plus de 10 000 écus à ces pauvres parents qui demeurent aux Andelys. Ce sont gens grossiers et ignorants qui, ayant après ma mort à recevoir cette somme, auront grand besoin du secours d’une personne honnête et charitable. Dans cette nécessité, je vous viens supplier de leur prêter la main. »

Au mois de janvier 1665, il écrit à Félibien : « Il y a quelque temps que j’ai abandonné les pinceaux, ne