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galeries de l’Europe ; les musées français en comptent quarante, en outre des collections particulières.

La vie de Poussin, concentrée dans sa famille et dans son atelier, n’était pas seulement celle d’un artiste supérieur passionné pour son art, et toujours préoccupé du mieux possible ; c’était celle d’un bon père de famille comme d’un sage, d’un philosophe, mais d’un philosophe chrétien.

Il n’avait pas eu d’enfants de sa femme ; mais il devint comme le père adoptif de ses deux jeunes beaux-frères Gaspard et Jean Dughet, qu’il éleva avec un soin particulier et dont il fit des artistes distingués, de Gaspard dit le Guaspre surtout. À propos du premier, une curieuse lettre de Poussin prouve, avec son esprit vif et fin, sa sollicitude pour ses parents. Elle est datée du 1er avril 1663, à l’époque des difficultés entre la France et la cour de Rome, par suite de l’insulte faite à l’ambassadeur par la garde corse, incident qui troublait toutes les têtes, beaucoup de gens voyant déjà les Français aux portes de Rome. Poussin écrit à M. de Chantelou :

« Une chose me fâche, qui est la peine que vous avez prise d’employer la faveur de M. de Colbert, que vous devez réserver pour les occasions urgentes, à la réquisition de mon fou de beau-frère qui, s’imaginant qu’ayant dessus sa porte les armes du Roi, il serait à couvert de tout danger, posé qu’il arrive du désordre en cette ville par notre nation, sans que jamais il m’en ait communiqué une seule parole, étant sa coutume de faire toutes choses assez témérairement et sans conseil ; il m’a confié d’avoir écrit comme pour lui de cette