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le commandeur del Pozzo, mais qui semblait devoir mieux convenir au cardinal de Richelieu que les tableaux de Bacchanales peints pour lui dans le même temps.

Par les noms de ces amateurs on juge que Poussin n’était plus un débutant ; déjà, en effet, sa renommée s’était répandue en France où le prônaient chaleureusement des protecteurs et amis, et entre tous M. de Chantelou à qui était destiné ce superbe tableau de la Manne, nommé plus haut, et qu’on voit maintenant au Louvre.

Ce fut le même M. de Chantelou qui fut chargé, à cette époque, par M. Sublet de Noyers, surintendant des bâtiments du roi, de décider Poussin à revenir en France, ce à quoi le grand artiste répugnait singulièrement ainsi qu’il s’en exprime dans une lettre à M. de Chantelou du 15 janvier 1638 :

« Pour la résolution que monseigneur de Noyers désire de moi, il ne faut point s’imaginer que je n’aie été en grandissime doute de ce que je devais répondre : car, après avoir demeuré l’espace de quinze ans entiers dans ce pays-ci, assez heureusement, mêmement m’y étant marié, en l’espérance d’y mourir, j’avais conclu de moi-même de suivre le dire italien : Chi sta bene, non si muove (qui se trouve bien ne change pas). Mais, après avoir reçu une seconde lettre de M. Lemaire à la fin de laquelle il y en a une jointe de votre main, qui a servi à m’ébranler, mêmement à me résoudre de prendre le parti qu’on m’offre (etc.). »

Mais, dans le post-scriptum même de cette lettre, il paraît retirer cette adhésion, et il ne fallut rien moins qu’une nouvelle et pressante missive de M. de Noyers,