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put aussi profiter des conseils du Dominiquin, dont il s’était déclaré hardiment et généreusement l’admirateur et le partisan, alors que, dans Rome, la foule des amateurs et des jeunes peintres ne jurait que par le Guide.

La situation de l’artiste cependant était loin de s’améliorer sous certains rapports ; car, c’est à peu près vers cette époque qu’il écrivait au commandeur Cassiano del Pozzo, qui fut son zélé protecteur et son ami :

« Après avoir reçu de vous et des vôtres tant de bienfaits, je crains bien que vous me taxiez d’indiscrétion… Mais réfléchissant que tout ce que vous avez fait pour moi vient des sentiments de bonté et de générosité qui vous animent, et ne pouvant, à cause d’une incommodité qui m’est survenue, aller chez vous en personne, je me suis enhardi à vous écrire pour vous supplier de venir à mon secours ; car je suis presque toujours malade et n’ai d’autre ressource pour subsister que mes ouvrages. »

Le commandeur envoya 40 écus romains à l’artiste ce secours et l’arrivée prochaine du cardinal Barberini lui permettaient d’espérer de meilleurs jours, si son état maladif ne se fût aggravé par suite d’un évènement dont les conséquences auraient pu être plus sérieuses encore. Des difficultés étant survenues entre la cour de Rome et celle de France, il en résulta une vive irritation dans la ville contre les étrangers. Poussin, qui jusqu’alors avait continué de s’habiller à la française, se vit en butte, près des Quatre-Fontaines, à une agression armée de la part de quelques soldats ; l’un d’eux lui porta un coup d’épée qu’heureusement Poussin put parer avec son carton ; mais peu s’en fallut, la lame ayant glissé, qu’il n’eût deux doigts de la main enlevés