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les épreuves, le libre et sûr essor de la pensée, après les laborieuses incertitudes du génie encore inexpérimenté ? Cette force est le génie lui-même auprès duquel la cause suprême a placé, dans sa prévoyance, la constance qui le soutient et la confiance qui l’anime ; ce guide, c’est la Providence qui, partout invisible et partout présente, mesure l’énergie à l’épreuve, fortifie le faible contre l’obstacle, et ménage les évènements pour que rien ne se perde du génie fécond dont elle a doué sa créature[1] ».

Mais en dépit de son courage, Poussin arrivait à Paris dans un état d’épuisement et de souffrance qui ne fit que s’aggraver. Tombé tout-à-fait malade, il fut heureux que sa famille, instruite de sa triste position, rappelât aux Andelys l’enfant prodigue, après lui avoir pardonné sa fuite précipitée, son seul tort, au reste ; car sa conduite, dans sa vie errante, n’avait eu rien que de digne d’un gentilhomme et d’un chrétien. Le repos, la tranquillité d’esprit, les bons soins rendirent bientôt la force et la santé au jeune homme, qui prolongea néanmoins, pendant plus d’une année, son séjour aux Andelys. Mais ses loisirs, sans doute, ne furent pas perdus pour la méditation comme pour l’étude, et ces paysages plantureux de la Normandie, les campagnes si vertes, les grands horizons avec la mer parfois dans le lointain, les troupeaux magnifiques durent plus d’une fois exercer ses pinceaux.

L’année écoulée, Poussin, avec l’assentiment de sa famille, cette fois, repartit pour Paris qui, dans ses

  1. Bouchitté, Histoire de Poussin.