Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Par l’oubli si coupable des enseignements de la foi et de ces grands principes qui, seuls, peuvent faire contrepoids aux ardeurs de l’imagination et soutenir la raison dans ses défaillances, il fut entraîné, comme on l’a vu, à des écarts, source pour lui de chagrins, d’humiliations, de déceptions amères et, quand la lumière se fit par la réflexion et l’expérience, sujets de cruels repentirs.

Cependant le gouvernement français, malgré la mesure dont il a été parlé plus haut, ne fut point ingrat pour Valentin Haûy, et il lui accorda, à titre de dédommagement et comme récompense de ses services, une pension de 2 000 francs. Au lieu d’en jouir tranquillement, l’ex-directeur des Jeunes Aveugles fonda rue Saint-Avoye, sous le titre de Musée des aveugles, un pensionnat spécial qui, toujours par les mêmes causes, ne réussit point. Valentin, découragé, quitta la France et partit pour la Russie, où depuis longtemps il était invité à se rendre afin d’y créer un établissement, ce qu’il fit en effet, en chargeant son élève Fournier de l’enseignement, tout en gardant pour lui-même la direction. Quoique les résultats n’eussent pas été ce qu’on espérait, l’empereur Alexandre, appréciant les efforts et le zèle du fondateur, le décora de l’ordre de Saint-Valdmir. Lors de son passage à Berlin, sur le plan qu’avait donné Valentin, un établissement analogue aux précédents, avait été créé qui, bientôt, grâce sans doute au choix heureux du Directeur, fut des plus prospères, et longtemps même le seul tout à fait prospère.

Cependant Valentin à qui l’âge et des infirmités, suite de ses fatigues et de ses chagrins, rendaient néces-