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moins utiles. On lui dut aussi un Mémoire précieux sur la maladie des huîtres qui se manifestait dès lors dans la baie de Cancale.

Rien ne coûtait à ce savant pour arriver à la découverte de la vérité et l’on comprend que de placides bourgeois, tout occupés de leur négoce et fort soucieux du bien-être, prissent pour de la manie, pour une espèce de démence, ce zèle poussé jusqu’à l’abnégation héroïque et aussi l’audace voisine de la témérité. L’étude des animaux sans vertèbres occupait Dicquemare tout particulièrement ; « or, d’après ce qu’on raconte, non content d’avoir chez lui toute une ménagerie de ces êtres singuliers, il passait souvent des heures entières plongé dans l’eau pour le mieux observer, ou s’enfonçait dans la mer la tête la première pour les poursuivre dans leurs retraites. Il nous apprend qu’il a fréquemment nagé autour d’orties marines aussi grosses que la tête de l’homme, ou de celles qui ont des membres longs comme le bras et qu’il a vivement ressenti leurs piqûres. La fureur des tempêtes ou les ténèbres de la nuit pouvaient seules l’arracher du rivage de la mer et du milieu des rochers. »

Divers écrits et surtout les nombreux Mémoires, au nombre de plus de soixante-dix, publiés dans le Journal de Physique, de 1772 à 1789, firent connaître au monde savant ce courageux lettré et lui méritèrent le beau surnom de Confident de la Nature. Les distinctions les plus honorables vinrent le chercher dans sa retraite, au milieu de ses livres et… de ses bêtes. Il fut élu membre correspondant de l’Académie et de plusieurs sociétés, et l’Assemblée générale du clergé de France, en 1786, par