Page:Bouniol - Les rues de Paris, 2.djvu/27

Cette page a été validée par deux contributeurs.

toutes les rêveries et les imaginations niaises des théophilanthrophes. Adepte fervent et acolyte de la Réveillère-Lépaux, il eut la coupable sottise de se faire l’apôtre de la secte dans sa maison même et de conduire ses élèves à ces cérémonies ridicules. Pour couronner toutes ces énormités qui feraient douter qu’à cette époque de sa vie il jouit de la plénitude de sa raison, « devenu veuf d’une femme respectable, dit M. Durozoir[1], il épousa une jeune fille du peuple, marchande des quatre saisons et qui n’avait pour elle qu’un minois assez avenant. La présence d’une telle femme à la tête de sa maison et son incapacité mirent le comble au désordre. » L’établissement mal administré avait perdu son caractère définitif : « car par sa fondation, comme on l’a dit, il ne devait être qu’un collége, » et Valentin Haüy l’avait converti en hospice en autorisant ses pensionnaires à se marier, ce qui avait introduit dans la maison une foule d’abus et considérablement augmenté la dépense.

Le gouvernement consulaire, jugeant alors que l’établissement n’atteignait point son but, le réunit à l’hospice de Quinze-Vingts. Valentin perdit sa place, et, il faut bien l’avouer, surtout par sa faute. Doué d’un cœur généreux, d’une belle intelligence et placé dans les circonstances les plus favorables pour tirer parti de ses qualités, il ne sut pas assez se défier de lui-même, des côtés faibles de son caractère, de la mobilité de son humeur, de ses impressions trop vives, et il ne reconnut pas autant qu’il eut dû les bienfaits de la Providence.

  1. Biographie universelle.