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tenaient à le conserver, malgré toute leur estime pour Parmentier, longtemps leur subordonné. Celui-ci dut céder et se contenter de l’honneur du titre, d’ailleurs avec un assez beau traitement et son logement aux Invalides que les administrateurs voulurent lui conserver. La position n’était point faite pour déplaire ; mais une sinécure ne convenait en aucune façon au caractère de Parmentier, et il lui répugnait de toucher les émoluments d’une place qu’en réalité il ne remplissait pas. À défaut de fonctions officielles, il s’imposa à lui-même des devoirs et résolut de consacrer ses loisirs à des études ayant une utilité générale pratique.

C’est ainsi qu’à propos d’un concours ouvert par l’Académie de Besançon sur les moyens de combattre et d’atténuer une disette, il établit, par un Mémoire qui fut couronné, qu’il était facile d’extraire de l’amidon un principe nutritif plus ou moins abondant. Les recherches qu’il fit pour ce Mémoire l’amenèrent à s’occuper de la pomme de terre, cette solanée précieuse à laquelle son nom méritait de rester attaché ainsi que le proposait François de Neuchâteau qui voulait qu’on appelât ce nouveau légume : Parmentière.

J’ai dit nouveau, et cependant la pomme de terre, originaire du Pérou où par les indigènes qui s’en nourrissaient elle était nommée papas, importée en Europe pendant le XVe siècle, était cultivée en Italie dès le XVIe. Introduite en France par les Anglais, à la suite des guerres de Flandre, on la connaissait dans nos provinces méridionales et, grâce à Turgot, elle se cultivait dans le Limousin et l’Anjou, mais avec peu de zèle, et on l’employait tout au plus, non sans défiance, à la nour-