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montra digne de ce choix, héroïque de dévouement dans une épidémie qui fit alors de grands ravages dans l’armée. Il ne s’épargna pas non plus dans les ambulances et sur le champ de bataille même, puisqu’à cinq reprises différentes, il tomba aux mains de l’ennemi, cinq fois dépouillé par les hussards prussiens qu’il considérait, disait-il gaiement ensuite, comme de très-habiles valets de chambre. La dernière fois, sa captivité qui se prolongea tourna du moins au profit de la science. La chimie, à cette époque, encore peu connue en France, comptait en Allemagne de nombreux et zélés représentants et entre tous, Meyer, pharmacien célèbre de Francfort-sur-Mein. Parmentier, interné dans la ville, fit la connaissance de ce savant, et bientôt la communauté de goûts créa entre eux une intimité dont le jeune Français aurait pu profiter pour devenir le gendre et le successeur de Meyer. Mais pour cela il eût fallu renoncer à la patrie et Parmentier, tels grands que fussent les avantages à lui offerts comme compensation, ne put se résigner à pareil sacrifice.

De retour en France, tout en continuant ses lectures et ses expériences, il suivit les cours du célèbre naturaliste de Jussieu, comme ceux de Rosselle et Rollet. Aussi, en 1766, il emportait d’emblée au concours la place d’apothicaire adjoint de l’hôtel des Invalides ; et, six années après, les administrateurs lui témoignèrent leur satisfaction en le nommant apothicaire en chef. Mais ce titre était à vrai dire honorifique ; car, depuis l’origine de l’établissement, les Sœurs de la charité avaient la direction en chef de la pharmacie, et ce privilége, dont, sans nul doute, elles avaient su se montrer dignes, elles