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connu à cette époque comme ardent sectaire que comme artiste, ait attiré sur lui la persécution. Incarcéré à Saintes, il se vit intenter une action criminelle devant le parlement de Bordeaux ; mais grâce à l’intervention énergique du connétable de Montmorency, Palissy fut rendu à la liberté. « À sa recommandation, dit M. Audiat, Catherine, aimant les arts comme une Médicis, fit délivrer à maître Bernard le brevet d’Inventeur des rustiques figulines du Roi… Désormais le potier faisait partie de la maison du roi ; il échappait à la juridiction du parlement de Bordeaux. »

Appelé l’année suivante à Paris, Palissy fut chargé par Catherine de travaux importants dans les jardins et résidences royales. Il était logé au Louvre avec ses deux fils qui l’aidaient dans ses travaux et dut à cette position privilégiée d’échapper au massacre de la Saint-Barthélemy (24 août). Catherine sans nul doute avait donné des ordres pour qu’il fût protégé. Bien des années après, il fut moins heureux, alors que la faction des Seize dominait dans la capitale, et par ses violences risquait de compromettre et de déshonorer ce grand mouvement catholique et populaire de la Ligue si ridiculement calomnié par certains historiens. L’un des Seize, Mathieu de Launay, fit arrêter Palissy jeté dans un cachot de la Bastille « et noté pour être conduit au spectacle public. On comprend le sens mystérieux de cette terrible expression, » dit M. Serret. Mais Mayenne, l’un des admirateurs de l’éminent artiste, fit ajourner l’exécution à laquelle s’opposa non moins vivement Henri III. Le roi cependant n’osa pas faire mettre en liberté Palissy qui mourut dans sa prison (1589), et ce qui est plus triste,