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rité de vie de trois ou quatre néo-convertis qui contrastait avec les déportements d’un plus grands nombre de catholiques, inévitables dans une agglomération de dix à quinze mille âmes, et faut-il le dire ? peut-être les persécutions qui les assaillirent et qu’ils supportèrent avec l’orgueil et le courage des néophytes frappèrent le modeste artisan et lui firent illusion. »

Du reste, d’après ce que nous apprend un écrivain du temps « surtout les peintres, horlogers, imagiers, orfèvres, libraires, imprimeurs et autres qui, en leurs métiers, ont quelque noblesse d’esprit (et non moins de vanité souvent) furent les premiers à se laisser surprendre[1]. »

Bernard Palissy, comme beaucoup d’autres à cette époque, se laissant séduire aux déclamations perfides des prédicants, ne voyait que la réforme des abus, et il se fût indigné sans doute à la pensée d’une apostasie. « On ne peut trouver chez Palissy, dit M. L. Audiat, un seul mot montrant que d’abord il avait vu dans un changement de religion une rupture avec l’église catholique… Fait étrange ! Les noms de Luther et de Calvin ne se trouvent pas dans les livres de maître Bernard…. Aussi fournit-il un argument de plus à ceux qui prétendent que maître Bernard n’a jamais été réellement hérétique, mais seulement un de ces hommes modérés qui ont des sympathies pour un parti sans s’y enrôler, et en temps de révolution, souffrent même pour des opinions qu’ils n’ont pas. »

  1. Florimond de Rémond : — Histoire de la naissance, progrès et décadence de l’hérésie.