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succès. Il put couvrir ses poteries de cet émail jaspé qui leur donne tant de prix et de son atelier sortirent nombre de vases, statuettes, bassins, plats, ustensiles divers, modelés de sa main devenue si habile, et qu’il appelait du titre collectif de rustiques figulines, du mot latin figulina qui signifie tout genre de poteries. Ces figulines, aujourd’hui si recherchées des amateurs et payées au poids de l’or, les seigneurs de la Saintonge dès lors se les disputèrent pour orner leurs parcs et leurs châteaux et les firent bientôt connaître au loin. Le célèbre connétable de Montmorency, ce rude guerroyeur, qui avait à un haut degré le goût des belles choses, chargea Palissy de la décoration de son château d’Ecouen, construit par l’architecte Jean Bullant et enrichi déjà des sculptures de Jean Goujon. « Dorénavant, comme l’a dit un biographe[1], le sort de Palissy et celui de son ingrate famille étaient assurés, » et plus qu’assurés : c’était la large aisance, la richesse même et la complète sécurité qui pour l’artiste remplaçaient l’angoisse et la détresse des mauvais jours si lui-même il n’eût été de nouveau l’artisan de son malheur.

« Palissy, dit M. Louis Audiat[2], fut une des âmes honnêtes que séduisit un prétexte de réforme. Homme de mœurs pures, il vit uniquement dans les premiers apôtres du calvinisme quelques chrétiens de la primitive église. L’ardeur qu’ils montrèrent, la foi qui les animait, le nom de Dieu qu’ils invoquaient sans cesse, la régula-

  1. Serret : — Biographie universelle.
  2. L. Audiat. — Bernard Palissy ; sa vie et ses ouvrages. 1 vol. Didier, éditeur.