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et d’autre comme un homme qui serait ivre de vin, rempli de grandes tristesses : d’autant qu’après avoir longuement travaillé, je voyais mon labeur perdu. Or, en me retirant ainsi souillé et trempé, je trouvais en ma chambre une seconde persécution pire que la première, et qui me fait à présent émerveiller que je ne suis consumé de tristesse. »

Quelle énergie de langage et quelle merveilleuse éloquence dans la naïve peinture de ces souffrances si stoïquement supportées ! C’est tout un drame et des plus émouvants que le récit de cette lutte de l’inventeur contre les difficultés sans cesse renaissantes. Aussi le lecteur n’aura pas regret à la longueur de nos citations d’autant plus que cet artisan ou cet artiste du 16e siècle est un éminent écrivain. Puis en nos temps de découragements si prompts, d’impatiences déraisonnables et d’ambitions prématurées, il semble des plus utiles de montrer ce que peut l’opiniâtre tenacité de la volonté humaine et au prix de quels efforts elle arrive à son but. L’exemple de Palissy est un mémorable exemple qu’on ne saurait trop rappeler aux jeunes gens en leur montrant, dans sa grandeur et sa simplicité, cette persévérance qu’on peut qualifier d’héroïque encore que le résultat ne soit pas d’un ordre très-élevé, puisqu’il n’a pas trait directement à l’art, à la morale ou à la religion.


II

Enfin, après dix-huit ou vingt années de ces terribles épreuves, Palissy vit ses efforts couronnés d’un plein