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endroits où la dite cendre avait touché, mes vaisseaux étaient rudes et mal polis. » Il remédia à cet inconvénient au moyen de lanternes ou cloches sous lesquelles se plaçaient les émaux et qui sont encore en usage.

« Bref, dit-il, j’ai ainsi bastelé (tâtonné) l’espace de quinze ou seize ans ; quand j’avais appris à me garder d’un danger, il m’en survenait un autre lequel je n’eusse jamais pensé…. Toutes ces fautes m’ont causé un tel labeur et tristesse d’esprit qu’auparavant que j’aie rendu mes émaux fusibles à un même degré de feu, j’ai cuidé entrer jusqu’à la porte du sépulcre : aussi, en me travaillant à telles affaires, je me suis trouvé l’espace de plus de dix ans si fort écoulé en ma personne qu’il n’y avait aucune forme ni apparence de bosse aux bras ni aux jambes, ainsi étaient mes dites jambes toutes d’une venue….

» J’ai été plusieurs années que, n’ayant rien de quoi faire couvrir mes fourneaux, j’étais toutes nuits à la merci des pluies et des vents sans avoir aucun secours, aide ni consolation, sinon des chats-huants qui chantaient d’un côté et les chiens qui hurlaient de l’autre ; parfois il se levait des vents et des tempêtes qui soufflaient de telle sorte le dessus et le dessous de mes fourneaux que j’étais contraint de quitter là tout avec perte de mon labeur ; et je me suis trouvé plusieurs fois qu’ayant tout quitté, n’ayant rien de sec sur moi à cause des pluies qui étaient tombées, je m’en allais coucher à la minuit ou au point du jour, accoutré de telle sorte comme un homme que l’on aurait traîné par tous les bourbiers de la ville ; et en m’en allant ainsi retirer, j’allais bricollant sans chandelle en tombant d’un côté