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Néanmoins Palissy était mis sur la voie de la découverte complète et il songea à de nouvelles expériences. Pour les suivre et les diriger lui-même dans les moindres détails, il se résolut à construire de nouveau un four à son usage ; mais faute de ressources, « je me pris, dit-il à ériger un fourneau semblable à ceux des verriers, lequel je bâtis avec un labeur indicible : car il fallait que je maçonnasse tout seul, que je détrempasse mon mortier, que je tirasse l’eau pour la détrempe d’icelui : aussi me fallait-il moi-même aller quérir la brique sur mon dos à cause que je n’avais nul moyen d’entretenir un seul homme pour m’aider à cette affaire. »

Enfin le fourneau terminé « ayant couvert les pièces (pots) du dit émail, je les mis dans le fourneau continuant toujours le feu en sa grandeur ; mais sur cela il me survint un autre malheur, lequel me donna grande fâcherie, qui est que le bois m’ayant failli, je fus contraint brider estapes (étais) qui soutenaient les tailles de mon jardin, lesquelles étant brûlées, je fus contraint brûler les tables et le plancher de la maison, afin de faire fondre la seconde composition. J’étais en une telle angoisse que je ne savais (saurais) dire, car j’étais tout tari et desséché à cause du labeur et de la chaleur du fourneau ; il y avait plus d’un mois que ma chemise n’avait séché sur moi, et même ceux qui me devaient secourir, allaient crier par la ville que je faisais brûler le plancher et par tel moyen l’on me faisait perdre mon crédit et m’estimait-on être fol. Les autres disaient que je cherchais à faire la fausse monnoye, que c’était un mal qui me faisait sécher sur les pieds, et m’en allais