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les drogues que je voulais éprouver à quelque fourneau de potier. »

Mais ce moyen plus économique ne réussit pas, tout probablement « à cause que le feu des dits potiers n’était assez chaud » et vainement à plusieurs reprises Palissy recommença l’expérience : « Ainsi fis-je par plusieurs fois, toujours avec grands frais, perte de temps, confusion et tristesse. »

Quelque temps découragé « je me mis en nonchaloir de ne plus chercher les émaux. » Mais Palissy ne resta pas longtemps dans cette disposition : « dès que je me trouvai muni d’un peu d’argent, je repris encore l’affection de poursuivre Ia recherche des dits émaux. » Cette fois, il porta ses poteries préparées au four d’une verrerie « d’autant que leurs fourneaux sont plus chauds que ceux des potiers », et le lendemain il eut la satisfaction de constater un premier résultat : « partie de mes compositions avaient commencé à fondre. » Pourtant ce ne fut qu’après deux longues années encore de tâtonnements et d’essais que l’opiniâtre chercheur obtint un résultat important sans doute quoique non complet et décisif encore : « Ayant avec moi, dit-il, un homme chargé de plus de trois cents sortes d’épreuves, il se trouva une des dites épreuves qui fut fondue dedans quatre heures après avoir été mise au fourneau laquelle épreuve se trouva blanche et polie de sorte qu’elle me causa une joie telle que je pensais être devenu nouvelle créature, et pensais dès lors arriver à une perfection entière de l’émail blanc : mais je fus fort éloigné de ma pensée : cette épreuve était fort heureuse d’une part, mais bien malheureuse de l’autre. »