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croyaient avoir besoin pour diriger la révolution.

Les grands périls conjurés et un calme relatif au moins revenu, Monge retrouva quelque liberté ; mais il n’en profita, dans sa passion du bien public, comme dans son amour pour la science, que pour se créer de nouvelles occupations. « De concert avec ses confrères Berthollet et Fourcroy, dit M. de Pongerville, il voulut centraliser l’instruction pour tous les travaux publics…. Il rassembla, dans une maison louée à ses frais, des jeunes gens déjà instruits afin de les perfectionner avec émulation dans les mathématiques, la géographie et la géométrie descriptive. Cet établissement fut le prélude de l’École centrale des travaux publics qui prit bientôt un si heureux développement sous le titre célèbre d’École Polytechnique. »

C’est dans cette École sans doute que Monge fit, pendant les années 1793 et 1796, ces cours si justement appréciés et dans lesquels, au dire des témoins oculaires, par sa facile élocution comme par sa science profonde, il se montrait l’égal des plus illustres professeurs. Nommé membre de la commission dite des arts qu’on envoyait en Italie pour recevoir les trésors cédés à la France, Monge à son arrivée fut présenté au général en chef que, trois années auparavant, il avait vu simple officier venir presque en solliciteur dans ses bureaux.

« Permettez-moi, lui dit Bonaparte, de vous remercier de l’accueil qu’un jeune officier d’artillerie inconnu reçut, en 1792, du ministre de la marine. Cet officier lui a conservé une profonde reconnaissance ; il est heureux aujourd’hui de vous présenter une main amie. »