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vre, habile ingénieur, de la direction des travaux d’attaque. Le conquérant, comme il l’écrivait au marquis d’Argens, comptait qu’en moins de quinze jours la ville serait en son pouvoir, mais déjà vingt-trois s’étaient écoulés et la ville résistait encore vigoureusement.

« Un certain Gribeauval, qui ne se mouche pas du pied, et 11 000 Autrichiens nous ont arrêtés jusqu’à présent. Cependant, le commandant et la garnison sont à l’agonie ; on leur donnera incessamment le viatique. »

Ainsi s’exprimait le sceptique Frédéric, le 6 septembre, et vingt jours après, il disait à son correspondant : « Je vous avais annoncé avec trop de présomption la fin du siége. Nous y sommes encore… Le génie de Gribeauval défend la place plus que la valeur des Autrichiens. » Ce ne fut que le 9 octobre que les assiégés se résignèrent à capituler après soixante-trois jours de tranchée ouverte.

Cette glorieuse résistance rendit alors célèbre le nom de Gribeauval, qui avait tenu en échec pendant plus de deux mois la fortune de Frédéric, dit le Grand, et qui ne fut, suivant de Maistre, qu’un grand Prussien. Rentré en France, Gribeauval fut fait lieutenant-général, puis inspecteur-général de l’artillerie. Il rendit, en cette qualité, de grands services, soit par l’organisation du corps des mineurs, soit par des perfectionnements et des réformes dans les manufactures. D’après le biographe cité plus haut : « les officiers de son arme l’avaient surnommé le Vauban de l’artillerie. »

Il mourut en 1789 (9 mai).