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Monge à ses talents comme professeur joignait la noblesse du caractère et la parfaite honnêteté, en voici la preuve : Le maréchal de Castries, ministre de la marine dont il n’avait eu qu’à se louer d’ailleurs, à propos d’un élève refusé, ne put s’empêcher de lui dire :

« En refusant un candidat qui appartient à une famille considérable, vous m’avez suscité beaucoup d’embarras.

— Monseigneur, répondit l’examinateur, vous pouvez faire admettre ce candidat, mais en même temps il faudra supprimer la place que je remplis.

Le ministre n’insista pas. À quelque temps de là, le même maréchal le pria de refaire, pour les élèves des écoles militaires, les Éléments de mathématiques de Bezout, recommandables par leur clarté, mais auxquels on reprochait, avec la prolixité, de n’être plus au niveau des progrès de la science.

— Monseigneur, répondit Monge, veuillez m’excuser, les livres de Bezout, réputés classiques, n’ont point autant démérité de la science qu’on l’affirme. Leur produit, d’ailleurs, est la seule ressource de la veuve à laquelle, Bezout, en mourant, n’a pas laissé d’autre héritage ; je ne puis consentir à le lui faire perdre et réduire à la misère cette digne femme.

De pareils traits n’ont pas besoin de commentaire.

II

Membre de l’Académie des sciences en 1780, Monge fut appelé à professer la physique au Lycée de Paris, de