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premiers prix, fut jugé digne par les Oratoriens de Lyon de prendre rang parmi tous les professeurs émérites et on lui confia, à lui jeune homme de seize ans, la chaire de physique de l’établissement. Pendant ses vacances, il avait levé le plan de sa ville natale en s’aidant d’instruments géométriques fabriqués de ses propres mains. Le lieutenant-colonel de génie, du Vignan, traversant la Bourgogne, eut occasion de voir ce travail dont il fut vivement frappé et il proposa au jeune Gaspard d’entrer à l’école du génie de Metz. Le nouvel élève donna des preuves telles de sa capacité que, bientôt nommé répétiteur, il succédait en 1772 à Bossuet, puis à l’abbé Nollet comme professeur et pendant de longues années, il remplit cet emploi à Metz à la grande satisfaction comme au grand profit des auditeurs. On a dit de lui : « D’autres peut-être parlent mieux, personne ne professe aussi bien. Avant tout il voulait se faire comprendre et évitait l’emphase ne trouvant, ainsi qu’il disait, aucune différence entre un langage affecté et ce qui est absolument mal dit. »

Et cependant, au témoignage d’un juge compétent, assidu pendant de longues années à ses leçons, il rencontrait souvent sans la chercher la véritable éloquence. M. C. Dupin, dans une page vivement sentie et la meilleure peut-être de son livre, nous fait de Monge dans sa chaire ce portrait remarquable :

« Il était d’une haute stature, la force physique se montrait dans ses larges muscles, comme la force morale se peignait dans son regard vaste et profond. Sa figure était large et raccourcie comme la face du lion. Ses yeux grands et vifs étincelaient sous d’épais sourcils