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gouvernement. Il eût été plus digne de lui de se résigner à la retraite et de ne pas prêter de nouveaux serments. On comprend, on approuve même qu’un jeune officier, qu’un jeune général hésite à briser son épée au début ou au milieu de sa carrière, et ne se prive pas volontiers du bonheur de servir son pays ; mais le vétéran, arrivé aux suprêmes honneurs, et sur lequel sont fixés tous les regards, a des devoirs, ce semble, plus sévères, et il est des cas où, pour l’exemple, il lui faut savoir faire, fût-ce au sentiment exagéré de sa dignité, le sacrifice de sa satisfaction personnelle et d’une position dont l’habitude a fait un besoin. C’est ce que comprit admirablement Drouot dans sa fidélité chevaleresque à son premier et unique serment.

Moncey fut nommé, en 1834, gouverneur des Invalides, en remplacement de Jourdan, qui venait de mourir. « C’était, dit Michaud, un emploi qui convenait parfaitement à son esprit d’ordre et de discipline, mais ce fut en vain qu’il essaya d’y reformer quelques abus dans l’administration. Le ministre de la guerre, Maison, étant intervenu, le vieux maréchal lui répondit avec une force et une énergie dont on ne le croyait plus capable. Il fallut pour le calmer recourir à l’intervention la plus puissante et la plus élevée. »

Lors du retour en France des cendres de Napoléon Ier et de la solennité funéraire du 15 décembre, Moncey, quoique malade, et pouvant à peine se mouvoir, malgré la rigueur d’un froid excessif, se fit porter dans l’église et voulut assister à la cérémonie tout entière. « Lorsque parut le glorieux cercueil porté sur les épaules des marins, un frémissement parcourut l’assemblée, dit un