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autre carrière, Moncey s’engagea de nouveau, au mois de septembre 1769, comme grenadier dans le régiment de Champagne-Infanterie, et fit, en cette qualité, en 1773, la campagne des côtes de Bretagne. Racheté de nouveau, il essaya pour complaire à sa famille de l’étude du droit, mais avec peu de succès, et, libre enfin de suivre sa vocation, il entra dans la gendarmerie de Lunéville, corps d’élite, où les simples soldats, après quatre années de service, avaient rang de sous-lieutenant. Il passa avec ce grade dans les volontaires de Nassau-Liégen. La Révolution le trouva lieutenant et le fit capitaine (1791).

Dès lors, son avancement fut rapide ; nous le voyons, au mois d’août 1794, général en chef de l’armée chargée d’opérer contre l’Espagne. Après avoir inauguré son commandement par les victoires du Luxembourg et de Villa-Nova, il conquit toute la Navarre, à l’exception de Pampelune. Ses succès, plus décisifs encore l’année suivante, à Castellane, Tolosa, Villa-Real, etc., amenèrent la signature de la trêve de Saint-Sébastien, qui fut bientôt suivie du traité de Bâle. N’oublions pas ce détail : pendant qu’il commandait en chef l’armée des Pyrénées-Orientales, Moncey eut soin de faire abattre le monument de Roncevaux, pyramide élevée en mémoire de la défaite des preux de Charlemagne. Un décret de la Convention déclara que le général avait bien mérité de la patrie.

À propos de cette campagne d’Espagne, si vigoureusement menée, le représentant Garat écrivait : « Les soldats de Moncey ne sont pas des hommes, mais des démons ou des dieux. »